En Suisse, environ 30% des personnes actives sont épuisées émotionnellement. Or il est important d’agir avant que le problème ne s’installe. Côté travail, quels gestes peut-on adopter au quotidien pour se sentir épanoui, malgré le stress et les difficultés ? Réponses de Catherine Vasey, psychologue spécialiste du burnout.

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« Du moment où on est investi dans notre travail et que l’on a envie de bien faire, il y a un risque pour la santé mentale », annonce d’emblée Catherine Vasey, psychologue spécialiste du burnout. « Le risque est de se faire envahir par le travail, poursuit-elle, que ce soit en termes de temps ou d’investissement émotionnel ou mental.» Comment alors trouver un équilibre afin de préserver son bien-être mental ?

Le rôle de l’employeur

La loi sur le travail précise que l’employeur doit protéger ses employés des divers risques psychosociaux, tels que la surcharge mentale ou émotionnelle. En plus de créer un climat serein et respectueux au sein de l’entreprise, l’employeur a le devoir de :

  • Sensibiliser aux risques psychosociaux liés au travail tels que le burnout ou les problèmes de harcèlement ;
  • Mettre une personne-ressource à disposition pour écouter et aider les employés, que ce soit un médecin du travail, un médiateur ou un responsable RH ;
  • Accompagner le retour au travail après un burnout en aménageant des mesures pour l’employé et en adaptant le rythme et la charge de travail.

L’usure apparaît lorsqu’un déséquilibre se crée entre les contraintes auxquelles le travailleur est confronté et les ressources dont il dispose pour y faire face. Le premier pas est donc d’identifier ces contraintes et d’évaluer si des actions peuvent être mises en place afin de les modifier et d’en diminuer l’impact. Certaines ne peuvent pas être changées ? « Je conseille alors d’accepter qu’elles fassent partie des conditions du travail et d’arrêter de ruminer à leur sujet », ajoute la spécialiste. En parallèle des contraintes, il est aussi important d’identifier ses propres ressources. Qu’il s’agisse de collègues sympathiques, d’un défi stimulant ou d’une tâche intéressante, se focaliser sur les aspects positifs permet de mieux faire face aux difficultés. Cultiver ses propres ressources est une compétence qui doit être entraînée au quotidien, en particulier pendant les périodes moins stressantes, plus propices à l’apprentissage. « La santé n’est pas un état mais un processus qui évolue et qu’il faut sans cesse nourrir par des actions», souligne la psychologue. Néanmoins, nous pouvons parfois nous sentir dépassés par une situation qui nous fait souffrir. Dans ce cas, la meilleure solution est de demander de l’aide ou un soutien professionnel, avant que la situation ne s’aggrave.

Séparer travail et vie privée

Récupérer après une journée chargée est également essentiel. La première étape est de veiller à éviter que le stress du travail ne contamine la vie privée. « Je conseille de créer une coupure en sortant du bureau, suggère Catherine Vasey. Si les pensées continuent de tourner autour du travail alors que la journée est terminée, la récupération sera moins efficace. Lors d’une journée stressante, il est aussi fréquent de ne pas pouvoir ressentir pleinement ses émotions. Une fois la journée terminée, il est donc essentiel de pouvoir exprimer ce qui n’a pas pu l’être sur le moment. Cela peut se faire en parlant à un proche par exemple. Attention cependant à bien cadrer ces échanges : « Il y a deux précautions à prendre. D’abord, vérifier que la personne est d’accord que l’on lui parle de notre journée. Si elle l’est, se restreindre à dix minutes, pas plus, pour vider son sac. » Une fois ces dix minutes écoulées, même si on a l’impression d’avoir encore beaucoup à dire, on s’arrête et on passe à autre chose.Une fois la coupure faite, la récupération active peut commencer. Se dépenser, pratiquer une activité créative, voir des amis… toute occupation qui nous fait du bien et nous change les idées aidera à récupérer après une journée riche en stress.

L’importance du corps

Dernier point, mais non des moindres : redonner au corps la place qu’il mérite. « La sédentarité est le plus grand risque pour les travailleurs, affirme Catherine Vasey. Il est inquiétant de voir qu’elle prend de plus en plus de place dans nos vies professionnelles et privées. » Or le mouvement physique est un exutoire pour le stress. Promener le chien, jouer avec les enfants, faire du jardinage, toutes les occasions sont bonnes. Pour libérer les tensions emmagasinées, on peut aussi utiliser sa voix et sa respiration. « Chanter à tue-tête est par exemple une très bonne technique pour décharger le stress accumulé !», propose Catherine Vasey.

Source : Planète Santé