a room filled with lots of desks and chairs

Parler de soi, dans l’environnement personnel ou professionnel, est un exercice complexe. Que dire, où commencer et où finir ? Comment rester authentique sans avoir l’impression de trop se dévoiler? La communication n’est pas une chose innée et il est souvent difficile de parvenir au juste équilibre. Ne serait-ce que parce que chaque interlocuteur est spécifique, avec son contexte et sa qualité d’écoute à lui.

Pourtant il paraît souvent opportun de se lancer, qu’il s’agisse d’affirmer son identité, d’exprimer des besoins ou de tisser des liens sains et sincères avec d’autres humains – qu’ils soient des amis, collègues ou managers. Mais lorsque la question devient celle de notre santé mentale et, dans certains cas, d’un trouble associé, le défi s’amplifie. Et d’autant plus dans un cadre professionnel, souvent jugé comme peu propice au registre émotionnel et valorisant la performance et la rationalité. Alors comment aborder sa fragilité au travail à bon escient sans risquer de remettre en cause sa légitimité ?

Avant même de se poser la question du comment, il est essentiel de trouver ses réponses au pourquoi. Pourquoi choisir de parler de son trouble psychique – ou non – à son employeur et/ou à ses collègues ? Pourquoi prendre le risque de s’exposer quand celui-ci peut être source d’incompréhension ou, pire, de discrimination, encore trop souvent associé à un point faible alors qu’il peut être également une ressource ? Une fois que le pourquoi est pour soi clarifié, il s’agit ensuite de trouver les mots pour le dire – si on choisit d’en parler.

Un tabou persistant

Bien que la question de la santé mentale soit de plus en plus abordée dans l’espace public et médiatique, sans toujours une clarification des concepts, de nombreux travailleurs considèrent encore leur milieu professionnel comme un espace où il est difficile de parler de leurs problématiques personnelles. Parler de (sa) santé mentale au travail reste un véritable tabou qui fait peur. En cause : un manque d’information, d’outils et de sensibilisation adaptés.

Parce qu’ils peuvent avoir de lourds impacts sur notre travail quotidien, parler des troubles psychiques en entreprise ouvre pourtant la voie à des solutions concrètes et permet de mieux comprendre et gérer sa situation. Bien que de nombreux obstacles puissent freiner cette démarche, le dialogue est souvent la clé pour faciliter la mise en place de mesures adaptées en collaboration avec la médecine du travail. Ces ajustements peuvent aller de la modification des horaires à des outils ergonomiques, et ainsi alléger les difficultés liées au trouble.

Parler de sa fragilité, ce n’est pas faire preuve de faiblesse, c’est au contraire se donner les moyens de sa performance. Vivre avec un trouble, c’est aussi apprendre à travailler avec, en trouvant les solutions qui nous conviennent. Lorsque l’on parvient à ajuster son environnement et ses méthodes de travail, on peut non seulement mieux gérer ses défis, mais aussi s’épanouir sur du long terme.

Ceci étant dit, il est important de rappeler que certains environnements de travail sont plus ouverts et réceptifs à ces questions. Il est ainsi nécessaire de considérer chaque situation individuellement, en raison des tabous persistants et des réalités propres à certaines entreprises. Vivre avec un trouble de santé mentale implique de naviguer et de cheminer jusqu’à trouver le cadre adapté à soi.

Comment s’y prendre?

Dans son ouvrage La vérité sur les troubles psychiques au travail, la sociologue Claire Le Roy Hatala souligne l’importance de la communication en entreprise pour réduire la stigmatisation. Elle précise que cette démarche doit être adaptée au contexte, en tenant compte des risques de sur-sensibilisation et des réactions négatives possibles dans certaines entreprises. Elle recommande d’en parler à des collègues ou à des supérieurs directs pour briser les stéréotypes et favoriser la relation. Elle conseille également de se concentrer sur les répercussions quotidiennes du trouble, plutôt que sur la maladie en elle-même, qui ne reflète pas pleinement la personne, et de proposer des solutions concrètes, en essayant de faire en sorte que cela se répercute le moins possible sur le travail des autres.

Source : Plein espoir – Santé mentale